30 ans.
Trente ans, c'est l'anniversaire que fêtaient ce soir les membres de Tuxedomoon. Trente ans d'existence pour ce groupe (enfin si on compte les années d'inactivité), on est loin des records de longévité célébrés récemment par les Who, les Stones ou les Stooges mais ça valait la peine de s'organiser un petit concert à la Cigale, juste histoire de faire la promo d'un nouvel album très moyen, et de refourger un coffret anniversaire pour les petits jeunes qui auraient raté le train en marche et qu'il est bon d'éduquer musicalement.
Revenons aux bases, en 1977 donc, en pleine période punk-rock, ils sont parmi les premiers a tenter des expérimentations électroniques, à faire une musique plus froide et répétitive. C'est donc tout naturellement qu'ils se retrouvent dans le sillage du groupe mythique Devo, dont ils feront plusieurs premières-parties leur assurant public et notoriété. Pour moi leur meilleur album demeure Half Mute, trip lancinant, répétitif et dépressif. L'influence plus jazz des disques plus récents tend à rendre le groupe plus ouvertement prétentieux, mais prouve leur incontestable qualité d'instrumentistes.
Tuxedomoon : Lonelyness (sur Half Mute)
Ce soir à la Cigale, les quarantenaires un brin arty s'étaient donc donné le mot, tentant de se mêler discrètement (mais personne ne fut dupe) avec le public plus jeune venu écouter The Cinematic Orchestra. Belle idée de programmation tant on peut se dire que Tuxedomoon a certainement dû engendrer de nombreuses formations comme celle-ci. Là où pourtant on peut s'interroger c'est dans l'ordre de passage, pourquoi Tuxedomoon en première partie de Cinématic ? Les vétérans sont moins connus ? Ils vendent sans doute moins de disques mais quand même, un peu de respect pour les anciens non ? Et justement, en parlant de respect, nous avons pu être témoins d'une belle marque de bêtise de la part des organisateurs de la Cigale. En effet, après à peine moins d'une petit heure, un technicien monta sur scène pour s'adresser à Steven Brown en lui signifiant par geste que c'était le dernier morceau. Le groupe de quinquas, trop heureux d'être sur scène, devant un public visiblement conquis par ce qui était pourtant un concert assez inégal, enchaina malgré tout un autre titre. Une seconde fois, le même technicien remonta sur scène et dit un mot au leader du groupe qui visiblement fut énervé par la remarque. Ils firent un dernier morceau, s'excusèrent de devoir partir, le public huant les organisateurs, hurlant et trépignant. Deux videurs dégageaient les spectateurs agglutinés devant la scène, empêchant le rideau d'être fermé. L'air dépité, on pouvait entrevoir quand le rideau était soulevé, les musiciens ranger leurs instruments. La salle fut rallumée assez rapidement, la sono cracha de la mauvaise musique.
Je n'ai jamais été un grand fan de Tuxedomoon, j'ai toujours trouvé ça pas mal, sans plus. Ce soir, le concert n'avait rien d'extraordinaire, il était juste agréable, mais cette fin avortée, j'ai juste trouvé ça très... triste.
Tuxedomoon : In a manner of speaking